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C’est sans grande surprise
que l’actuel bureau du conseil municipal de Tafraout
a rempilé pour un autre
mandat aux commandes
de la municipalité de la ville. Jouissant d’une confortable majorité (9 conseillers Rnistes) au sein du conseil nouvellement élu, les membres du bureau sortant ont presque tous pu
se maintenir à leurs postes.
Le seul changement ayant affecté la configuration
du bureau sortant, concerne
la troisième vice –présidence, qui a été briguée par deux concurrents.
Entretien avec Anouar Nourdinne Errida.
Libération : Tafraout fait partie des villes où le CCDH a dépêché ses observateurs pour superviser le processus électoral relatif aux communales du 12 juin. Quels ont été les paramètres qui ont présidé au choix des régions ciblées par votre mission ?
Anouar Nourdinne Errida : Tout d’abord, il faut rappeler qu’en effet, le Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH) a posé un certain nombre de critères spécifiques qui aiguillent ses choix quant aux régions devant faire partie de l’échantillon pris en compte dans son action d’observateur du déroulement de ce processus tels que, le type de commune (urbaine, rurale, communes urbaines soumises au régime des arrondissements) . Aussi le mode de scrutin (uninominal, liste), avec une attention particulière accordée à la mixité du mode de scrutin dans les communes soumises au scrutin uninominal (mixité due à la liste complémentaire). Le choix des cas spécifiques dans la constitution de l’échantillon ciblé vise à évaluer la validité de certaines hypothèses liées à l’accès aux droits civiques et à l’application des nouvelles dispositions du code électoral. On peut citer à cet effet le cas des communes pauvres. Le choix de ce paramètre de pauvreté procède de notre souci d’évaluer l’impact de cette donne sociale sur l’exercice des droits politiques. Ou encore les communes situées dans des espaces comptant parmi leur électorat des populations nomades.
Et ce, pour se rendre compte de la pertinence des nouvelles dispositions de la charte communale dans ce cas d’espèce. Qui, il faut le rappeler, posait souvent problème, surtout que ces populations ont toujours eu des difficultés à exercer à leur droit de vote en raison de leur statut de nomades. C’est le cas aussi des communes ayant enregistré des taux significatifs d’abstention lors des dernières élections législatives. Cependant, nous ne pouvons pas couvrir tous les districts électoraux répondant à ces paramètres. Du coup, deux communes sur quatre ont été sélectionnées par tirage au sort sur les bases scientifiques du choix de l’échantillon. C’est le cas de la ville de Tafraout.
Comment votre action d’observateur a-t-elle été menée ?
Notre mission d’observateur comporte trois phases. D’abord celle d’avant la campagne électorale. Elle a trait au volet communication. Nous avons donc commencé par établir des contacts avec les différents acteurs associatifs, politiques et les autorités locales. De ce fait, nous avons pu en tirer plusieurs constatations. Notamment au niveau de l’opération de rectification des listes électorales basée sur la domiciliation réelle comme stipulé dans la nouvelle charte. Par ailleurs, il s’est avéré que le nombre des électeurs inscrits est paradoxalement le même que celui figurant sur les anciennes listes. Si des acteurs politiques soutiennent qu’il n’y a pas eu de changement dans les listes, les autorités expliquent que le nombre des rayés et celui des nouveaux inscrits sont égaux, ce qui explique que le nombre n’a pas changé. Concernant les recours, un seul cas a été enregistré par un citoyen qui assure avoir fait les démarches mais qui n’a pas eu de reçu d’inscription et dont les autorités assurent que ce n’est pas le cas. Pour ce qui de l’âge de l’électorat tafraouti, malgré la réduction de l’âge du droit de vote à 18 ans, il y a une forte réticence à l’inscription des jeunes sur les listes. Par contre, nous constatons que les femmes y sont présentes massivement. De ces concertations, découle d’autre part un autre problème relatif au découpage électoral. Si les acteurs politiques ont souligné que ce dernier est pertinent, il faut signaler cependant le cas de ce bureau où se trouvait l’urne qui est loin du village de plus de 7 km.
C’est le douar de Doutalzought, où les électeurs (28 votants) doivent se taper à pied toute cette distance pour voter. Ce qui n’est pas sans constituer un facteur fortement dissuasif notamment dans ce milieu rural où les moyens de transport se font rares. Outre cette phase, notre action d’observateur a couvert aussi la période de la campagne électorale et le scrutin.
Qu’en est-il des fraudes et autres transgressions du code électorales enregistrées par vos agents observateurs dans la municipalité de Tafraout ?
Dans ce registre, le rapport élaboré par nos observateurs dépêchés dans la ville, fait état de tentatives visant à amadouer les électeurs afin de gagner leurs voix. Nos collaborateurs ont mené des investigations dans la circonscription électorale n°4. Ils ont enregistré des plaintes concernant la distribution par deux candidats aux électeurs de l’argent et des dons en nature, comme le sucre, l’huile, farine…etc. Et ce en pleine campagne électorale. Je tiens à ajouter que lors de cette période, nos agents ont constaté que les candidats ont fait appel à des enfants de moins de 12 ans pour distribuer les tracts. Quant au jour du scrutin, nous avons remarqué le fait que comme si l’atmosphère de la campagne électorale continuait : des quantités énormes de tracts et prospectus électoraux jonchant les sols et les devantures des bureaux de vote. Et même dans certains établissements publics comme les écoles. Notre rapport fait état également d’une autre anomalie. Lorsque nous avons repéré la présence d’un collaborateur d’un candidat près de la porte du bureau de vote de sa conscription. Lequel collaborateur, qui entamait des conciliabules avec les électeurs à leur arrivée et lorsqu’ils quittent les urnes. Par ailleurs, dans certaines circonscriptions, des candidats ont été vus à proximité des locaux abritant les bureaux de vote. D’autre part, nos collaborateurs ont signalé l’existence d’un isoloir dans un bureau de vote aménagé d’une manière qui ne permet pas d’assurer la confidentialité du vote.
Enfin, quant à la formation des présidents de bureaux de vote, on a pu constater que certains d’entre eux ne maîtrisent pas les procédures du déroulement du vote du nouveau code électoral. Par contre, nous soulignons leurs grandes collaborations avec nos observateurs ; l’absence de discours discriminatoires ou racistes dans les meetings et le respect de l’arrêt de la campagne électorale à minuit.
que l’actuel bureau du conseil municipal de Tafraout
a rempilé pour un autre
mandat aux commandes
de la municipalité de la ville. Jouissant d’une confortable majorité (9 conseillers Rnistes) au sein du conseil nouvellement élu, les membres du bureau sortant ont presque tous pu
se maintenir à leurs postes.
Le seul changement ayant affecté la configuration
du bureau sortant, concerne
la troisième vice –présidence, qui a été briguée par deux concurrents.
Entretien avec Anouar Nourdinne Errida.
Libération : Tafraout fait partie des villes où le CCDH a dépêché ses observateurs pour superviser le processus électoral relatif aux communales du 12 juin. Quels ont été les paramètres qui ont présidé au choix des régions ciblées par votre mission ?
Anouar Nourdinne Errida : Tout d’abord, il faut rappeler qu’en effet, le Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH) a posé un certain nombre de critères spécifiques qui aiguillent ses choix quant aux régions devant faire partie de l’échantillon pris en compte dans son action d’observateur du déroulement de ce processus tels que, le type de commune (urbaine, rurale, communes urbaines soumises au régime des arrondissements) . Aussi le mode de scrutin (uninominal, liste), avec une attention particulière accordée à la mixité du mode de scrutin dans les communes soumises au scrutin uninominal (mixité due à la liste complémentaire). Le choix des cas spécifiques dans la constitution de l’échantillon ciblé vise à évaluer la validité de certaines hypothèses liées à l’accès aux droits civiques et à l’application des nouvelles dispositions du code électoral. On peut citer à cet effet le cas des communes pauvres. Le choix de ce paramètre de pauvreté procède de notre souci d’évaluer l’impact de cette donne sociale sur l’exercice des droits politiques. Ou encore les communes situées dans des espaces comptant parmi leur électorat des populations nomades.
Et ce, pour se rendre compte de la pertinence des nouvelles dispositions de la charte communale dans ce cas d’espèce. Qui, il faut le rappeler, posait souvent problème, surtout que ces populations ont toujours eu des difficultés à exercer à leur droit de vote en raison de leur statut de nomades. C’est le cas aussi des communes ayant enregistré des taux significatifs d’abstention lors des dernières élections législatives. Cependant, nous ne pouvons pas couvrir tous les districts électoraux répondant à ces paramètres. Du coup, deux communes sur quatre ont été sélectionnées par tirage au sort sur les bases scientifiques du choix de l’échantillon. C’est le cas de la ville de Tafraout.
Comment votre action d’observateur a-t-elle été menée ?
Notre mission d’observateur comporte trois phases. D’abord celle d’avant la campagne électorale. Elle a trait au volet communication. Nous avons donc commencé par établir des contacts avec les différents acteurs associatifs, politiques et les autorités locales. De ce fait, nous avons pu en tirer plusieurs constatations. Notamment au niveau de l’opération de rectification des listes électorales basée sur la domiciliation réelle comme stipulé dans la nouvelle charte. Par ailleurs, il s’est avéré que le nombre des électeurs inscrits est paradoxalement le même que celui figurant sur les anciennes listes. Si des acteurs politiques soutiennent qu’il n’y a pas eu de changement dans les listes, les autorités expliquent que le nombre des rayés et celui des nouveaux inscrits sont égaux, ce qui explique que le nombre n’a pas changé. Concernant les recours, un seul cas a été enregistré par un citoyen qui assure avoir fait les démarches mais qui n’a pas eu de reçu d’inscription et dont les autorités assurent que ce n’est pas le cas. Pour ce qui de l’âge de l’électorat tafraouti, malgré la réduction de l’âge du droit de vote à 18 ans, il y a une forte réticence à l’inscription des jeunes sur les listes. Par contre, nous constatons que les femmes y sont présentes massivement. De ces concertations, découle d’autre part un autre problème relatif au découpage électoral. Si les acteurs politiques ont souligné que ce dernier est pertinent, il faut signaler cependant le cas de ce bureau où se trouvait l’urne qui est loin du village de plus de 7 km.
C’est le douar de Doutalzought, où les électeurs (28 votants) doivent se taper à pied toute cette distance pour voter. Ce qui n’est pas sans constituer un facteur fortement dissuasif notamment dans ce milieu rural où les moyens de transport se font rares. Outre cette phase, notre action d’observateur a couvert aussi la période de la campagne électorale et le scrutin.
Qu’en est-il des fraudes et autres transgressions du code électorales enregistrées par vos agents observateurs dans la municipalité de Tafraout ?
Dans ce registre, le rapport élaboré par nos observateurs dépêchés dans la ville, fait état de tentatives visant à amadouer les électeurs afin de gagner leurs voix. Nos collaborateurs ont mené des investigations dans la circonscription électorale n°4. Ils ont enregistré des plaintes concernant la distribution par deux candidats aux électeurs de l’argent et des dons en nature, comme le sucre, l’huile, farine…etc. Et ce en pleine campagne électorale. Je tiens à ajouter que lors de cette période, nos agents ont constaté que les candidats ont fait appel à des enfants de moins de 12 ans pour distribuer les tracts. Quant au jour du scrutin, nous avons remarqué le fait que comme si l’atmosphère de la campagne électorale continuait : des quantités énormes de tracts et prospectus électoraux jonchant les sols et les devantures des bureaux de vote. Et même dans certains établissements publics comme les écoles. Notre rapport fait état également d’une autre anomalie. Lorsque nous avons repéré la présence d’un collaborateur d’un candidat près de la porte du bureau de vote de sa conscription. Lequel collaborateur, qui entamait des conciliabules avec les électeurs à leur arrivée et lorsqu’ils quittent les urnes. Par ailleurs, dans certaines circonscriptions, des candidats ont été vus à proximité des locaux abritant les bureaux de vote. D’autre part, nos collaborateurs ont signalé l’existence d’un isoloir dans un bureau de vote aménagé d’une manière qui ne permet pas d’assurer la confidentialité du vote.
Enfin, quant à la formation des présidents de bureaux de vote, on a pu constater que certains d’entre eux ne maîtrisent pas les procédures du déroulement du vote du nouveau code électoral. Par contre, nous soulignons leurs grandes collaborations avec nos observateurs ; l’absence de discours discriminatoires ou racistes dans les meetings et le respect de l’arrêt de la campagne électorale à minuit.